L'influence de la musique
Un phénomène physiologique


I) Un phénomène physiologique
A) L'anatomie de l'appareil auditif
B) L'oreille en fonctionnement




Conclusion


B) L’oreille en fonctionnement

  

 1)Les capacités de l’oreille

  La branche de la science qui est à la base de l’exploration des capacités auditives humaines est la psychcoacoustique ; et se situe à la frontière entre l'acoustique, la physiologie et la psychologie. Les études menées le sont sur la base de mesures de réponses à des stimuli auditifs, ce qui en fait une science expérimentale et subjective ; elle est complétée par l'otologie, qui est une branche de la médecine spécialisée dans le diagnostic et le traitement des troubles de l'oreille

    
a.Les capacités liées à la physiologie de l’oreille

    Afin de protéger l’oreille, il existe deux principaux mécanismes.

    Les trompes d’Eustache, présentes dans l’oreille moyenne (une par cavité) sont reliées à la fosse bucco-nasale, et permettent d’équilibrer la pression de chaque côté du tympan, qui ne peut librement vibrer qu’à cette condition.

    D’autre part, pour limiter les risques de détérioration des cellules ciliées, deux muscles situés dans l’oreille moyenne, reliés au tympan et à l’étrier, se contractent par réflexe lors de la perception d’un son d’une intensité supérieure à 85dB, afin d’atténuer les vibrations de la chaîne des osselets. Ce réflexe ne se produit cependant qu’après un temps de latence relativement élevé de 40 ms, et ne protège pas par conséquent des bruits soudains. De plus, il est limité dans le temps par la fatigue des muscles qui l’activent.

    De plus la perception d’un son dépend à la fois de son intensité et de sa fréquence. Le graphique ci-dessus illustre la capacité de perception auditive en fonction de ces paramètres. La limite inférieure est celle du seuil de perception, défini physiologiquement par la pression minimale que doivent enregistrer les CCs pour percevoir un son ; la limite supérieure marque la destruction de ces mêmes cellules, liée à une trop forte intensité sonore. La zone des fréquences conversationnelles est non seulement la zone de perception des fréquences les plus usuelles, mais aussi celle de l’acuité auditive maximale.


      b.Les capacités liées au cerveau

    Le cerveau humain est capable de distinguer très rapidement les émotions liées à la perception de musique, il semble même que cette distinction se fasse plus rapidement que l’analyse du rythme et de la mélodie.

    Le cerveau est capable de reconnaître le timbre de différents instruments ou voix, grâce à une analyse poussée des fréquences composant le son musical perçu.

    Par ailleurs on distingue plusieurs types de perception auditive, notamment pour l’analyse mélodique ou harmonique :

  • L’oreille absolue, certainement la forme la plus connue, se définit par la reconnaissance d’une note en l’absence de référence, en général le La dit « 440 Hz ». On voit que cette oreille est à la fois une qualité et un handicap pour les musiciens, puisque le repère pouvant changer, les détenteurs de l’oreille absolue ne seront alors plus en mesure d’apprécier convenablement les mélodies perçues.

  • L’oreille relative se définit elle par l’appréciation des mélodies grâce, seulement, à la présence d’un repère. Ce type de perception se base plus sur la reconnaissance des intervalles entre les notes, et est aux musiciens au moins aussi utile, voire plus, que l’oreille absolue. En effet, si l’oreille absolue permet généralement d’avoir une oreille relative très développée, ce n’est pas toujours le cas.

  • L’oreille harmonique est quant à elle caractérisée par la reconnaissance des intervalles joués simultanément, principalement des accords joués par le même instrument, mais également de l’harmonie d’un morceau. « Comme il s'agit d'une différence de hauteurs, l'oreille relative peut tout à fait suffire au travail de l'oreille harmonique. L'oreille absolue est néanmoins une aide, car elle donne au musicien un moyen de vérification immédiat, et donc lui fait gagner beaucoup en temps d'apprentissage. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Oreille_harmonique)

Enfin, toutes les aires auditives sont couplées à d’autres aires cérébrales, notamment celle de la parole, mais aussi du mouvement, de l’odorat, de la vue, des autres sens, à divers degrés. C’est pour cette raison que l’entent d’une musique peut réveiller chez la personne différents souvenirs ou sensations.



   2)L’altération de la perception musicale


      a.La dégradation de l’oreille

    Le seuil de danger auditif se situe à une intensité de 85 dB : au-delà de ce seuil, et suivant le temps d’exposition à ces sons, l’oreille peut subir des dommages irréversibles. Le schéma ci-contre indique à quelles intensités en dB(A) correspondent certains sons usuels.

    Le seuil de la douleur est la fréquence à partir de laquelle les sensations douloureuses apparaissent. On peut supposer qu’elles sont dues soit à la stimulation excessive des CCIs et par là un grand nombre d’impulsions nerveuses ressenties comme de la douleur, soit par les messages nerveux causés par la destruction des CCEs, à cause d’une trop grande oscillation de la membrane tectoriale à laquelle ils sont rattachés.

    Il existe donc un paradoxe entre les seuils de danger et de douleur puisque l’oreille peut être exposée à des lésions sans que l’on puisse s’en rendre compte. Cette prise de conscience est cependant en train de s’effectuer, grâce surtout à la vaste campagne de prévention lancée par le gouvernement et diverses associations.

    Au-delà d’une intensité de 85 dB, « s'ajoutent aux dommages des CCEs et des neurones, de véritables destructions mécaniques de la membrane basilaire : le canal cochléaire perd son étanchéité (mélange d'endolymphe et de périlymphe) et la fonction cochléaire peut être totalement abolie. » (www.cochlee.org)

    L’intensité maximale d’une onde sonore dans l'air à la pression atmosphérique du niveau de la mer est de 194 dB.

    L’oreille se dégrade aussi naturellement avec l’âge, c’est la presbyacousie, causée par l’ossification de la chaîne des osselets, une fragilisation ou des déformations (cicatrices par exemple) du tympan, ou encore à cause de la perte progressive de cellules ciliées. Elle se produit souvent plus tôt que l’on ne le pense, vers 35-40 ans, mais évolue très progressivement. C’est pourquoi les symptômes d’une presbyacousie ne sont généralement remarqués qu’aux alentours de la cinquantaine.


      b.La notion d’amusie

    L’amusie est un trouble de la perception musicale due généralement à un accident cérébral. Elle entraîne une destruction des voies neuronales impliquées dans la perception. C’et pour cette raison qu’il existe d’innombrables formes d’amusie, chacune particulière à la formation musicale du malade, du type d’accident, mais aussi de la plasticité du cerveau, qui cherche à reconstituer les circuits détruits ; cette plasticité est propre à chaque individu, à son âge, et à de nombreux autres paramètres.

    Le chercheur Isabelle Peretz, professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal, et co-directrice du laboratoire Brams (International Laboratory for BRAin, Music and Sound Research), étudie depuis plus de vingt ans les différents cas d’amusie qu’elle a pu mettre en évidence afin de mieux comprendre quels sont les circuits neuronaux impliqués dans la reconnaissance musicale. Elle a publié plus de 150 articles scientifiques sur ce thème.

    C’est notamment grâce à elle que les différentes formes d’amusie, et leurs corrélations dans le cortex, ont pu être répertoriées. On peut distinguer les amusies qui privent de la perception de la mélodie d’une musique, de son rythme, de l’émotion portée par la musique, mais aussi des amusies qui touchent la mémorisation des morceaux : un malade peut parfaitement percevoir son morceau de musique préféré et l’apprécier sans pouvoir le reconnaître. L’amusie peut évidemment selon les formes de pathologie combiner, ou non, ces différentes formes.

    La dysmusie est un trouble congénital affectant sélectivement différentes habiletés musicales malgré une exposition normale à la musique. On sait par exemple, que Che Guevara ne pouvait percevoir la musique.

    La part de la population mondiale souffrant d’amusie ou de dysmusie est évaluée entre 5% et 15%, mais le peu d’études consacrées à ce sujet rend toute approximation très imprécise.

    En somme, il faut pour appréhender la perception musicale et ses conséquences pouvoir discerner la grande complexité de l’appareil auditif, qui aboutit à une fragilité notable ; ironiquement la musique est souvent cause d’importants dégâts, généralement liés à un mauvais discernement des capacités auditives. On peut également mesurer à quel point les circuits neuronaux, bien que similaires chez tous les individus, ne provoquent pas les mêmes réactions chez toutes les personnes.

    Pour ces raisons, la musique n’apparaît pas toujours comme bénéfique à homme.